La reconnaissance, c'est pour les autres ?
Crédit : Marek Studzinski pour Unsplash
Mes chères et chers Équilibristes,
Ces derniers temps, une thématique est revenue encore et encore dans mes coachings de groupe et individuels, et même dans mes conversations avec mes amies : la thématique de la reconnaissance.
« Je n’ai jamais de reconnaissance de la part de ma boss – elle me dit assez directement quand quelque chose n’est pas bien fait à ses yeux, mais quand je fais du bon travail, je n’ai aucun retour. Objectivement, je sais que c’est grâce à mon travail que les résultats de l’entreprise ont autant progressé ces dernières années, mais au quotidien, j’ai du mal à me repérer, je ne sais pas ce qu’elle considère comme bien. »
« Le jour de mon pot de départ, je suis tombée de ma chaise en lisant le mot de mon boss me remerciant de la manière dont j’avais amené un fort esprit de solidarité dans l’équipe. Il avait passé son temps à pointer du doigt mon manque de rigueur, notre décalage dans la gestion des deadlines. Je n’ai jamais entendu un mot positif sur mon travail avant de quitter la boîte ! »
« Quand on atteint un certain niveau hiérarchique en entreprise, c’est comme si le top management se disait ‘c’est bon, tu n’as plus besoin de feedback. Si tu es là, c’est ce que tu as prouvé ta valeur, maintenant à toi de te débrouiller’. Mais j’ai besoin de feedback moi aussi ! »
Ce qui m’a frappée dans beaucoup de ces conversations, c’est la honte qui accompagnait les propos.
Comme si le besoin de reconnaissance était quelque chose d’un peu ‘gnangnan’.
Comme si le fait d’être cadre / d’avoir plus de 40 ans / d’avoir des années d’expérience et de vie au compteur, immunisaient contre le besoin de reconnaissance.
Comme si avouer son besoin de reconnaissance c’était avouer une faiblesse, un défaut, un manquement.
« Oh ça va, prends sur toi », se disent-ils intérieurement. « Au bout d’un moment, on devrait pouvoir se passer de reconnaissance, de la validation des pairs et de la hiérarchie, non ? »
Ben non.
Le besoin de reconnaissance est un besoin humain fondamental, qui ne diminue pas avec l’âge, l’expérience, les rides ou les galons. Nous avons besoin des autres, de leur regard, de leur approbation, de leur validation, pour entretenir une image positive de nous-même (et je ne parle bien sûr pas ici de situations où nous nous reposons uniquement là-dessus pour nourrir notre estime…). N’en déplaise à celles et ceux qui ont appris que pour avancer, progresser, on ne devait compter que sur soi.
Il y a une dimension culturelle forte dans ces constats faits par mes clients, essentiellement français dans les cas que j’ai cités. J’ai animé des sessions de formation au feedback pour des managers venant de différents pays, et il est clair que l’on ne félicite pas aussi souvent, ni de la même manière en France, aux Pays-Bas, aux États-Unis ou en Angleterre. Ça ne vous étonnera pas : en France, le feedback positif (la reconnaissance) est généralement dit de manière implicite, alors que le feedback négatif est dit de manière explicite. C’est l’inverse aux États-Unis et en Angleterre par exemple (ce qui m’a régulièrement amenée à dire à mes clients anglo-saxons « j’ai cru que tu me faisais un compliment ! » pendant les sessions d’exercices où ils s’entraînaient à formuler un feedback négatif). A ce propos, le livre The Culture Map est un excellent guide pour mieux travailler avec des personnes d’autres cultures que la nôtre.
Revenons à nos moutons, avec quelques pistes de réflexion que je vous propose si vous vous trouvez, vous aussi, en manque de reconnaissance :
- Reconnaissez votre besoin de reconnaissance – je fais exprès de répéter ce mot, et je fais exprès de parler de besoin. Ce n’est ni un caprice, ni un « nice to have ». Commencez par vous autoriser ce besoin, qui ne fait de vous rien d’autre… qu’un être humain.
- Demandez-vous à quoi la reconnaissance ressemble pour vous. Un mot, un merci, une reconnaissance devant l’équipe ou en privé, une reconnaissance financière ou via un titre, elle peut prendre beaucoup de formes. Plutôt que de rester dans le constat que vous manquez de reconnaissance, demandez-vous la forme que vous aimeriez qu’elle prenne, et de la part de qui. Vous pourriez être surprise ou surpris par ce que vous découvrez.
- Formulez votre besoin et demandez ce dont vous avez besoin. D’égal·e à égal·e. Il n’y a bien sûr aucune garantie d’obtenir ce que vous demandez, mais vous aurez au moins été clair·e et droit·e dans vos bottes, à l’aise dans vos baskets. Si ça ne marche pas, quelles autres sources de reconnaissance pourraient vous nourrir, différemment certes, mais vous nourrir quand même ?
- Observez votre réaction quand vous en recevez – on peut avoir l’impression de manquer de reconnaissance, et se sentir très démuni ou démunie pour la recevoir.
- Enfin, retournez le miroir. Vous en offrez de la reconnaissance ? Comment ? A qui ? A propos de quoi ?
Vous me dites ce que tout cela vous inspire ?
La semaine dernière, nous avons publié un nouvel épisode de Places à prendre, le format de podcast que Céline Alix, Laëtitia Vitaud et moi créons ensemble. Nous y avons parlé de la place de l’amitié, à travers plusieurs lectures que nous vous recommandons. Plus d’infos sur le podcast juste en-dessous.
Je termine cette lettre en vous disant la joie que j’ai à l’idée de vous retrouver le 12 juin prochain en ligne de 12h30 à 13h30 pour fêter la parution d’En Équilibre, et explorer ensemble la dimension collective de l’équilibre. Une manière d’exprimer ma reconnaissance… et de vous inciter à en faire de même vis-à-vis des personnes qui contribuent à votre équilibre. Je ne vous en dis pas plus, rendez-vous le 12 (et pas de replay, c’est une expérience en live que je vous propose).
A bientôt mes chères et chers équilibristes !
Sandra