T’es là ou pas là ?

Crédit : Alvensia Angela pour Unsplash

Mes chères et chers Équilibristes,

« Mais pourquoi la charge mentale pèse-t-elle plus lourd aujourd’hui ? Nos anciens ne s’en plaignaient pas autant ! » a demandé dans le chat une participante à une table ronde dans laquelle je suis intervenue en début de semaine.

Sa question est excellente, et pour donner un élément de réponse, je vais vous raconter une histoire.

Il y a quelques semaines, nous sommes allés skier en famille. Alors que nous skiions tranquillement au rythme de notre fille, sont passés à côté de nous un papa et ses deux petits garçons. Nous étions dimanche, il y avait peu de monde sur les pistes, et je les ai remarqués parce que je les ai trouvés attendrissants tous les trois – les petits ne devaient pas avoir plus de 5 ou 6 ans (ils ressemblaient donc à des champignons avec leurs casques et masques) et leur papa les encourageait dans leurs efforts, leurs progrès, ils riaient et passaient visiblement un très bon moment ensemble.

Le lendemain, premier cours de ski de la semaine. Rdv à 11h pour récupérer notre fille. Dans la foule de parents qui se pressent pour féliciter, débriefer, donner un goûter et moucher leur progéniture, je reconnais le papa et ses deux petits. Mais l’ambiance a changé. « Mais enfin, tu ne vois pas que je travaille ?!! » je l’entends crier à un de ses fils, un téléphone à la main, une paire de mini-skis dans l’autre. Il continue « Tu sais bien qu’à cette heure-ci les parents travaillent ! ».

Cette histoire, c’est potentiellement nous tous et toutes à un moment ou un autre.

Et c’est une des raisons pour lesquelles la charge mentale pèse si fortement aujourd’hui : notre fantasme que l’on peut travailler & vivre des moments hors du travail simultanément.

(Il y a plein d’autres raisons, certaines abordées avec Christophe André dans cet épisode.)

Je ne partage pas cet exemple pour blâmer ce père (qui fait sûrement ce qu’il peut pour répondre à des exigences réelles ou auto-imposées), ni pour s’apitoyer sur le sort de ses enfants (même s’ils n’avaient vraiment rien fait de mal, juste sollicité l’attention de leur père – du haut de leur jeune âge, rien ne leur permettait de comprendre qu’il était là, mais pas vraiment là).

Je partage cette histoire pour dire une chose, que je dois régulièrement me rappeler aussi : nous n’avons pas le don d’ubiquité. Ce n’est pas parce que le téléphone nous permet d’être sur une piste de ski et en réunion avec un collègue simultanément que nous sommes cognitivement, énergétiquement, physiologiquement capables de le faire.
 
Arrêtons de nous infliger cette exigence impossible de vouloir être ici et là en même temps. Disciplinons-nous, disciplinons nos équipes, nos collègues, nos amis, nos organisations, pour faire une chose à la fois. Cessons de confondre les capacités offertes par nos outils, et nos possibilités humaines.

Des exemples comme celui-là, j’en ai à la pelle.

Et je constate qu’à chaque fois que j’aborde la question du multi-tâche dans mes interventions, il y a une forme de résistance : « vous êtes sûre que ce n’est pas bon ? »

Oui. Toutes les études nous le disent, et on sent les bénéfices dès qu’on arrête de le faire. Nous avons juste du mal à le lâcher parce que nous croyons encore qu’il nous fait gagner du temps.

Maintenant je retourne le miroir vers vous avec une proposition : la prochaine fois que vous êtes tentée ou tenté de faire en même temps plusieurs choses nécessitant en réalité votre pleine et entière attention, arrêtez-vous. Faites une chose à la fois, et voyez comment vous vous sentez à la fin de la journée, à la fin de la semaine.

Vous êtes-vous senti plus présent ? Plus concentré ? Moins irritable ?
Si vous en avez envie, partagez avec moi vos vécus.

Et last but certainly not least, mon livre paraîtra le 5 mai (bientôt !!), il est parti en impression la semaine dernière. Quelle émotion ! Restez par là, je vous annoncerai bientôt des opportunités de nous connecter autour du lancement. Si hâte que le livre soit entre vos mains !
Je vous prépare un épisode "coulisses" sur la conception, l'écriture. Si vous avez des questions sur ce projet, le processus, n'hésitez pas à me les envoyer pour que j'intègre les réponses dans l'épisode.

Take care chers et chères Equilibristes !
Sandra

***

Nouvel épisode des Équilibristes
Leadership : et si la vraie confiance passait (aussi) par le doute ?

Dans cet épisode, je partage avec vous une réflexion qui m'habite depuis longtemps : notre relation complexe au doute en leadership. Je partage avec vous un article que j'ai écrit sur ce paradoxe troublant - alors que les leaders les plus solides, les plus fédérateurs et "efficaces" que j'ai rencontrés sont ceux qui acceptent de dire 'je ne sais pas', notre culture d'entreprise continue de stigmatiser le doute comme une faiblesse.

Ensemble, explorons comment transformer notre regard sur cette émotion universelle, et comment cultiver un doute constructif qui, loin de nous paralyser, peut devenir la source même de notre force, de notre créativité, de notre authenticité. Une invitation à repenser profondément ce que signifie vraiment avoir confiance en soi.

Comme toujours, vos retours, compléments, désaccords, témoignages, m'intéressent énormément :

sandra@conscious-cultures.com
https://www.linkedin.com/in/sandra-fillaudeau-23947ba/

Bonne écoute !
Sandra

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